17 mars 1976 : 40 ans de magie

Nous sommes le 17 mars 1976 et Saint-Etienne est en fête. Partout, on dit que l’exploit est possible, que les Soviétiques ne tiendront pas la chaleur du Chaudron. France 3 et Europe 1 effectuent des directs depuis Saint-Etienne, les rideaux des magasins du centre-ville affichent un écriteau « Fermé pour cause de Coupe d’Europe ». Pour ce quart de finale retour de Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’ASSE ne joue pas à 11, elle joue à plusieurs millions.

Pourtant, au coup d’envoi, les Verts accusent deux buts de retard face au Dynamo Kiev. A l’aller, dans le froid de Simferopol, les Stéphanois ont flanché, encaissant deux buts. Un tarif qui aurait pu être plus élevé tant la domination adverse fut totale. Qu’importe, une opération commando est organisée pour le retour. Plus de 37000 supporters stéphanois en font partie, certains présents depuis 17 h au stade.

A la pause, malgré un pressing tout-terrain dès le début de la rencontre, les Verts ne sont pas parvenus à déverrouiller le cadenas adverse. L’heure de jeu à peine passée, les premiers contours de l’exploit se dessinent. Oleg Blokhine, Ballon d’Or, rate un duel avec Ivan Curkovic, et n’anticipe pas le retour de Christian Lopez. Le contre s’amorce, Lopez transmet à Piazza, qui lance Patrick Revelli. Ce dernier trouve son frère, qui ne rate pas la cible. 1-0. D’un but à l’autre, le destin a choisi son camp.



La folie s’empare des hommes de Robert Herbin, qui doivent encore battre une fois Rudakov, l’immense gardien soviétique, pour croire à une ½ finale européenne. Hervé Revelli obtient alors un coup-franc face au but à l’entrée de la surface. Comme si les doutes du match aller s’étaient envolés, Jean-Michel Larqué envoie un boulet de canon dans les filets adverses. La frappe est pure, limpide, aussi puissante que décisive.

La prolongation arrive, mais les jambes stéphanoises chancellent. Avant le début de la demi-heure supplémentaire, Dominique Rocheteau est affallé sur la pelouse, les yeux dans le vide. La fatigue habite les têtes. « Ce sera dur de se lever demain matin », pensent les supporters stéphanois, dont la nuit sera courte. Courte, certes, mais heureuse. Après une première période sans but, tout se décante sur un rush de Patrick Revelli. Son centre en retrait est repris par Dominique Rocheteau. « C’est le but de la qualification » s’emporte Thierry Roland au micro, oubliant sans doute les 7 minutes qu’il reste à jouer. Sept minutes de souffrance, de douleur. Sept minutes pour un exploit, l’un des plus grands du football français.
 

> L’Equipe célèbre les 40 ans de ce match mythique en consacrant une double page à l’exploit des Verts dans l’édition de ce jeudi 17 mars.

> Le blog de Thierry Clémenceau, extrêmement documenté sur le sujet, retrace également cette journée si particulière. Vous pouvez vous plonger dans l’ambiance de ce 17 mars 1976 à travers plusieurs articles (cliquez ici)

> Le Musée des Verts accueille jusqu’au 15 mai prochain l'exposition temporaire « 40 ans après, retour sur l’épopée des Verts ». L’occasion de revivre des exploits stéphanois qui ont depuis longtemps dépassé le simple cadre du sport.

Photos L'Equipe