1967 : Un duo inspirant
Avant de célébrer avec le Peuple Vert ses 90 ans ce samedi lors de la réception du Paris FC (15h), retour sur les grandes dates qui ont marqué l'AS Saint-Étienne.
Sous la houlette de Snella et la baguette de Mekhloufi, les Verts sont champions pour la troisième fois de leur histoire.
La saison de l’AS Saint-Étienne débute par une très mauvaise nouvelle. Blessé par l’Anglais Nobby Stiles pendant la Coupe du monde 1966, Robert Herbin doit subir à Lyon une réfection complète de tous les ligaments internes et externes de son genou disloqué. L’opération se déroule quelques semaines après l’accident et beaucoup s’interrogent sur ses capacités à reprendre le chemin des terrains. Il les retrouve pourtant à compter de la 8e journée et la réception de Sedan (1-0) pour trois matchs, avant de revenir réellement en piste lors de la 22e journée, le 22 janvier 1967 contre Nice (7-0).
Heureusement, les Verts enregistrent une meilleure nouvelle à l’été 1966, en obtenant le transfert de Bernard Bosquier que son club, le FC Sochaux, consent à laisser partir pour 38 millions d’anciens francs. Son arrivée correspond à une volonté clairement exprimée par Jean Snella auprès de ses dirigeants : l'équipe a besoin de solidifier l’axe central de sa défense, beaucoup trop perméable la saison précédente. Rapidement, le déclic se produit grâce à celui que l’on surnomme « Bobosse », forte personnalité, grande gueule et parfois un peu fanfaron, mais surtout professionnel exemplaire. Un joueur majeur auquel son entraîneur n’entend rien laisser passer : « Je suis là pour vous aider, lui dit-il après l’avoir bien observé. Mais il faudra accepter mes critiques. Je ne serai pas toujours tendre avec vous. ».
Quoi qu’il en soit, avec Bosquier et avec un Pierre Bernard qui tient un rôle fondamental dans le but, le Saint-Étienne 1967 joue avec plus de rigueur en défense, et en accélérations constantes, sous la conduite de l’inimitable Rachid Mekhloufi qui, à 30 ans passés, reste l’un des meilleurs meneurs de jeu du football européen.
Herbin, comme un symbole
Il s’agit du troisième titre de champion de France pour Mekhloufi, comme pour son entraîneur, Jean Snella. Même s’il est possible d’invoquer une certaine coïncidence, il faut admettre que la présence de ces deux hommes est déterminante dans la réussite de l’ASSE. Mekhloufi ? Véritable maître à jouer de l’équipe, sa maîtrise et sa classe ont permis l’éclosion à ses côtés de jeunes joueurs comme Revelli, Jacquet, Larqué et Bereta, de la bonne graine de champions. Excellent marqueur de buts lui-même, Mekhloufi a été pour Revelli un pourvoyeur précieux et l’a aidé à devenir le meilleur buteur de l’équipe.
Grand et un peu raide, moins doué que ses trois autres partenaires, Jacquet a compensé par une volonté immense et une activité inlassable. Larqué, lui, jeune Palois qui préparait son professorat d’éducation physique, a pris part à quelques matchs, tout comme Bereta, un « Stéphanois total », né dans le quartier de Montreynaud, qui a débuté en minimes à l’ASSE avant de gravir tous les échelons des catégories d’âge, et d’enlever la Coupe Gambardella 1963.
Sans éclats, sans déclarations tonitruantes, mais avec sérieux et bon sens, Snella, après deux saisons passées à restructurer son groupe, a donc mené à bien une tâche qui n’était pas aisée. Son but était de mener l’AS Saint-Étienne à la Coupe d’Europe. Il est atteint. Mais il ne l’assumera pas jusqu’au bout : c’est son ami Albert Batteux, qui fut son compagnon au cours de la Coupe du monde de Suède en 1958, qui lui succédera à la tête de l’équipe.
En partant, il lui laisse un bel héritage qui ne demande qu’à prospérer. C’est la troisième fois que les Stéphanois sont champions en dix ans (1957, 1964, 1967). Il lui laisse, aussi, un Robert Herbin prometteur, à nouveau en « état de marche » : n’est-ce pas lui qui, rattrapant le temps perdu, inscrit les trois buts stéphanois lors de la 38e et dernière journée à Angers ? Un hat-trick comme un symbole d’une équipe qui saura toujours se relever après le moindre accroc.
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