1968 : Une supériorité totale
Avant de célébrer avec le Peuple Vert ses 90 ans ce samedi lors de la réception du Paris FC (15h), retour sur les grandes dates qui ont marqué l'AS Saint-Étienne.
À son quatrième titre de champion de France, le second consécutif, l’ASSE va ajouter la Coupe de France, réalisant le premier doublé de son histoire.
En reprenant en main une équipe stéphanoise « abandonnée » en cours de route par Jean Snella, Albert Batteux, poussé sur le devant de la scène par ce dernier, connaît l’ampleur de la tâche qui l’attend. Elle ne l’effraie pas. Dès le mois de juin 1967, il s’est installé à Saint-Étienne pour prendre la mesure des choses et des hommes. Son constat traduit une évidence : « Il y a des atouts pour réussir. » Et comment !
Si Pierre Bernard et Nello Sbaïz ont décidé de s’engager sous d’autres cieux, le club recrute trois joueurs qui vont se révéler des prises de premier ordre : Georges Carnus – le gardien de but de l’équipe de France, âgé de 25 ans –, le défenseur Vladimir Durkovic – international yougoslave médaillé d’or aux Jeux olympiques de Rome –, et l’attaquant malien Salif Keita, dont l’arrivée à Saint-Étienne a donné lieu à une expédition rocambolesque.
Très vite, l’ASSE va s’emparer de la tête du Championnat et sa supériorité collective, ses actions d’éclat, son intelligence de jeu n’iront qu’en s’amplifiant au fil des mois. On retrouve tous les vieux principes d’Albert Batteux, tels qu’il les avait déjà mis en oeuvre à la tête du Stade de Reims. Sa première défaite n’intervient qu’à la 11e journée, sur le terrain du SCO Angers tenu de main de maître par les trois D : Dogliani, Dubaële et Deloffre. Reste que, peu de temps après, à Monaco, le dimanche 19 novembre, Salif Keita signe son premier but officiel pour les Verts à l’occasion de son premier match sous ses nouvelles couleurs. Quinze jours plus tard, il marque son premier but à Geoffroy-Guichard face à Ajaccio. Inconnu en début de saison, il devient LA personnalité marquante de l’attaque stéphanoise. En 18 matchs, il inscrit 12 buts, performance remarquable pour un novice. La machine est (re)lancée, plus rien ne l’arrêtera.
La quatrième dimension
Il est clair qu’avec Bernard Bosquier, Robert Herbin et Rachid Mekhloufi, le club tient avec Keita un nouveau joueur d’exception, susceptible de changer le cours des choses. Et chacun de penser qu’il s’en faudrait de peu pour que Saint-Étienne figure parmi les meilleures équipes d’Europe, ce qu’elle n’est pas encore, comme en témoigne son échec face au Benfica Lisbonne. Même dans un mauvais jour, les Verts savent exposer leurs qualités individuelles et collectives : une défense assurée, une circulation de la balle plaisante et précise, une attaque qui sait se créer des occasions de but. Mais il faut aussi le reconnaître : il manque parfois un petit quelque chose qu’on ne saurait trop définir, un peu plus de générosité, peut être, d’amplitude, d’envergure, d’ambition. Une recherche moins systématique du résultat, une manière de jouer plus déliée, plus souple, moins rationnelle, plus « inspirée ». La quatrième dimension, en somme. En attendant, l’ASSE empoche son quatrième titre de champion de France. Un vrai triomphe, avec 11 points d’avance, soit le plus grand écart alors jamais réalisé en Championnat, avec aussi la meilleure attaque (78 buts) et la meilleure défense (30 buts), sans même parler de la victoire en finale de la Coupe de France qui lui offre le premier doublé de son histoire. Qui c’est, les plus forts ?
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