1975 : Carton plein
Avant de célébrer avec le Peuple Vert ses 90 ans ce samedi lors de la réception du Paris FC (15h), retour sur les grandes dates qui ont marqué l'AS Saint-Étienne.
Son expérience européenne permet à l’équipe de réagir après un début de saison raté et de conquérir un huitième titre en réalisant un sans-faute à domicile.
Alerte générale à Saint-Étienne dès le début de la saison. Alors que l’équipe championne de France la saison précédente paraît toute disposée à défendre son titre, une succession de mauvais résultats provoque d’emblée le trouble chez les supporters les plus fanatiques. Qu’on en juge : dès la première journée, défaite à Troyes (1-0), suivie par trois autres revers à l’extérieur, à Bordeaux (1-0), à Nantes (2-1) et à Lille (2-0), à peine compensés par deux victoires guère significatives à domicile face à Monaco (3-2) et Nîmes (4-0). On croyait que rien ne pouvait arriver à l’ASSE, forte de ses convictions et de son dynamisme. Or, après huit journées, elle compte déjà six points de retard sur Reims. La pente est glissante. Chacun est montré du doigt : Herbin inévitablement, Larqué est contesté lui aussi, tout comme Triantafilos, dit « Tintin », seule réelle recrue du club, dénichée en Grèce à l’Olympiakos et qui revient dans son club formateur.
Par une sorte de miracle, c’est la Coupe d’Europe qui va permettre aux Verts de recouvrer leurs esprits. Dans l’ambiance exceptionnelle de Geoffroy-Guichard, la réception des Portugais du Sporting Portugal puis des Yougoslaves d’Hajduk Split donne un sacré coup de fouet à l’équipe, et les deux qualifications obtenues dans la fureur agissent comme le meilleur antidote au doute.
Robert Herbin, dernier buteur de la saison
Le Chaudron devient un enfer pour la plupart des pensionnaires de Division 1 qui en repartent tous les fesses rougies, comme Metz (5-0), Lille (4-1), Reims (3-1), Rennes (3-0), Marseille (4-1) ou Troyes (5-1). À tel point que l’ASSE réalise finalement un carton plein à domicile, avec 19 victoires en 19 matchs. Un record. Exemple de la tempête qui ne cesse de souffler à Geoffroy-Guichard : face à Bastia, le 21 mai, les Verts sont amorphes et, menés 2-0 à un quart d’heure de la fin, ils paraissent devoir baisser pavillon et abandonner leur invincibilité. Mais une panne de courant va les remettre en selle. Au retour, ils sont transfigurés et inscrivent trois buts par Synaeghel (80e), Piazza (83e) et Repellini (86e) dans les dix dernières minutes pour une victoire 3-2… qui leur offre le titre !
L’histoire est si belle que l’entraîneur Robert Herbin marque lui-même le dernier but de la saison sur penalty contre Troyes, pour l’ultime match que ses joueurs lui ont demandé de disputer. Et les Verts remportent au bout du compte leur huitième titre de champion de France, avec la meilleure attaque et la meilleure défense du Championnat, laissant l’OM des Brésiliens Paulo César et Jairzinho à neuf longueurs et le voisin lyonnais à dix points. On est loin des inquiétudes (justifiées) nées d’un début de saison calamiteux.
La raison ? Le sang-froid des dirigeants qui n’ont pas cédé à la panique. Et une réorientation tactique aussi. Au style débridé de l’été, où chacun s’est lancé plus souvent qu’à son tour dans des courses folles et épuisantes, a succédé un jeu plus posé et économique, où les attaques font davantage l’objet d’une progression lente et plus efficace. Une expérience acquise au contact des meilleures équipes européennes qui a favorisé l’épanouissement de Jean-Michel Larqué, le nouvel homme fort de l’ASSE depuis le transfert de Georges Bereta, en janvier, à l’OM.
À l’évidence, sa politique de formation de jeunes a permis à l’ASSE de disposer d’un effectif de seize ou dix-sept joueurs de valeur sensiblement égale. Passé le cap des susceptibilités du début de saison, quand certains jeunes ont mal accepté d’être mis en réserve, cette concurrence a favorisé une saine émulation et une vigueur retrouvée dans le sprint final.
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