1976 : La preuve par neuf

En menant de pair une campagne européenne éblouissante et un parcours national de grande qualité, avec un neuvième titre à la clé, l’équipe cumule les exploits.

À Reims, le 19 juin, tout démarre bien pour les Verts au stade Auguste-Delaune, qui n’a jamais accueilli autant de monde (24 635 spectateurs) : des applaudissements nourris en hommage à leur brillant parcours en Coupe d’Europe accompagnent leur entrée sur la pelouse et, dès la 8e minute, ils ouvrent le score par Vésir, qui signe son premier but avec les Verts. La suite de la rencontre se révèle moins réjouissante avec une défaite (3-2), la cinquième de la saison pour des Stéphanois… déjà sacrés champions de France depuis une semaine. Mais comment leur reprocher ce (léger) fléchissement, eux qui se sont présentés en Champagne sans cinq internationaux blessés : Bathenay, Farison, Larqué, Rocheteau et Synaeghel ? La finale de la Coupe des clubs Champions, à Glasgow, si belle et si frustrante, a exigé des joueurs untel don de soi que certains corps ont craqué. Logique.

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L’ASSE, en début de saison, savait qu’elle aurait affaire à une opposition plus consistante que par le passé, avec son rival numéro un, l’OGC Nice, renforcé par Guillou et Katalinski, mais aussi l’OM, Lyon, Bastia, Bordeaux et le Paris Saint-Germain qui n’avait pas lésiné sur les moyens en engageant Humberto Coelho, Tokoto et Piasecki. Mais, contrairement à la saison précédente, l’équipe réussit son entrée en matière, ne concédant que deux défaites lors de la phase aller, dont l’une (4-2 à Marseille, devant 42 844 spectateurs) fait d’autant plus jaser que les Verts menaient 2-0 après une demi-heure, grâce à deux buts de Rocheteau.

Rocheteau, la nouvelle référence

Rocheteau ! La grande trouvaille de l’heure, également auteur du but stéphanois contre Nice dans le match au sommet de la 8e journée (1-1). Rocheteau par-ci, Rocheteau par-là. Le joueur symbolise les bien faits de la formation maison. Jadis à l’ombre de Curkovic et de Piazza qui, eux, ne sont pas sortis du moule vert, il explose. Comme son jeu. Aussi culotté balle au pied que fair-play et bien élevé, affublé du surnom d’« Ange Vert », il devient vite la nouvelle référence par la grâce de ses exploits sur les terrains. Y compris sur celui de Glasgow, un soir de mai, où, en l’espace de sept minutes, il a bien failli renverser la vapeur à lui seul, en finale…

Les Verts, pleinement engagés sur le front européen, ne négligent pas les joutes nationales. Ils trouvent les ressources physiques nécessaires pour affronter la concurrence, y compris lorsque les mauvais coups portés parles défenseurs lyonnais, dans le derby de la11e journée (0-0), pourraient refroidir leurs ardeurs. Après les agressions dont ses joueurs ont été victimes, Robert Herbin lâche, mordant : « Ce match contre Lyon est devenu la meilleure répétition avant notre match contre les Glasgow Rangers. À cette différence près que les Écossais jouent d’abord le ballon, eux. »

C’est d’ailleurs après ce match européen disputé à Ibrox Park que l’équipe stéphanoise va se lancer à la poursuite de Nice qui compte, à ce moment-là, sept points d’avance au classement. Plus qu’à une course-poursuite, c’est à une chevauchée fantastique qu’elle nous convie, avec une phase retour quasi parfaite qui tranche avec le fléchissement des Niçois. Le déblocage a lieu contre Nancy, le 8 juin. Deux buts d’Hervé Revelli et un autre de Santini assurent la victoire et le bonus. Une semaine plus tard, à Geoffroy-Guichard, un neuvième titre tombe dans les bras des Verts. Décidément, dans le Championnat, Saint-Étienne fait la loi, sa loi, la loi du plus fort.

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