Christian Synaeghel : "Glasgow aurait pu constituer l'aboutissement"
Après avoir mis un terme à sa carrière, à Metz en 1982, Christian Synaeghel est revenu dans la Loire où il s'est reconverti dans la bijouterie, une activité qu'il a exercée jusqu'en 2008. Depuis, le Ch'ti coule une retraite paisible du côté de Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmitte dans le Montbrisonnais, suivant avec attention le parcours des Verts. Il prend également grand soin de ses huit petits enfants que sa fille Laetitia et son fils, Yann, lui ont donnés. "Yann, qui a débuté à l'ASSE, avant de jouer pour Bastia, Brest ou Cherbourg, avait du talent. Il avait de la qualité à ce poste de 6 ou de relayeur. Il aurait pu sans doute percer mais a peut-être manqué de persévérance..." Une qualité qui, en revanche, ne faisait pas défaut à son père ne se résignant jamais.
Le coéquipier qui t'a le plus impressionné ?
J'en citerais trois. Salif Keïta que j'ai eu le bonheur de côtoyer lors de ma première saison chez les Verts en 1970. Je n'avais que 19 ans et il était impressionnant de facilité. Un talent fou. Un joueur exceptionnel qui avait, cette année-là, marqué plus de 40 buts. Et puis bien sûr mes complices du milieu : Jean-Michel Larqué, un meneur dans toute l'acception du terme qui, plus d'une fois, nous a enlevé une belle épine du pied et enfin Dominique Bathenay, la force tranquille, solide, calme, rassurant, doté d'une très grosse frappe.
L'adversaire qui t'a le plus marqué ?
Incontestablement, Marius Trésor. Tout en maîtrise, en anticipation, en placement. Un monument de sérénité à mes yeux. Je me souviens également de Gilles Rampillon, dont le frère Patrick a d'ailleurs évolué sous les couleurs de l'ASSE. C'était un joueur de petite taille qui bougeait beaucoup. Il était toujours en mouvement et l'un des tout meilleurs éléments du FC Nantes qui était alors notre adversaire le plus coriace. En 10 ou au poste d'attaquant, il nous a fait pas mal de misères !
Le plus chambreur chez les Verts ?
Jean-Michel Larqué sans doute mais aussi Bernard Bosquier. Comme souvent avec les gars du Midi, les méridionaux, il aimait bien plaisanter, titiller.
L'entraîneur qui t'a le plus influencé ?
Il y en a eu deux : Albert Batteux qui parlait beaucoup, avait une philosophie de jeu et Robert Herbin, formateur dans l'âme, qui n'avait de cesse d'évoquer les vertus du travail et de la préparation athlétique.
Ton plus grand regret ?
Notre élimination à Liverpool en dépit du coup de canon de "Babate" en 1977 (3-1). Et puis bien sûr le fait d'avoir été contraint à déclarer forfait pour la finale à Glasgow en 1976. Huit jours auparavant, nous avions reçu Nîmes en championnat. Nous l'avions emporté (5-2) mais Gérard Farison et moi-même avions dû sortir prématurément du terrain : "Tachan", victime d'une entorse du genou et, en ce qui me concerne. d'une entorse à la cheville. Le club a tout fait pour nous remettre sur pied rapidement, faisant même appel à un guérisseur. En vain hélas car ce match aurait assurément constitué l'aboutissement, le sommet de ma carrière. Les Gardois avaient été rudes, fait montre de beaucoup d'engagement mais je crois qu'ils ont été plus maladroits que méchants.
Ton plus beau but ?
Celui que j'ai inscrit en finale de la Coupe de France 1974 face à Monaco. Patrick Revelli, sur le côté droit, m'a adressé un super ballon que j'ai repris victorieusement d'une tête plongeante. Cela nous a valu d'ouvrir le score juste avant la mi-temps. Le deuxième but a été marqué par mon pote, Alain Merchadier que j'ai toujours plaisir à revoir du côté de Toulouse (2-1). C'est sans doute avec lui que j'avais le plus d'affinités.
Le transfert qui ne s'est pas concrétisé ?
J'étais en fin de contrat avec l'ASSE et Monaco me voulait. Il est vrai que cette équipe monégasque, face à laquelle j'avais trouvé le chemin des filets à cinq reprises, me réussissait plutôt bien. Outre mon but en finale de Coupe au Parc, j'avais en effet signé deux doublés en 1972 et 1975. Nous l'avions emporté 3-2 à Geoffroy-Guichard et 3-0 en Principauté. Et puis Metz s'est manifesté. Il s'agissait d'un club familial qui sans doute me correspondait mieux et me rappelait la mentalité du Nord dont j'étais originaire. L'environnement m'a paru plus favorable.