Claude Puel : "Quatre matches, ce n'est strictement rien"

Comment gérer une place de leader ?
D’un seul coup, les projecteurs sont braqués sur plusieurs joueurs et même sur l’équipe en général. Cette exposition médiatique peut être un danger. On a enchaîné les matches la semaine dernière. Il y a de la fatigue, des joueurs qui reviennent de blessure et qu’on n’a pas pu beaucoup utiliser. On a tiré sur certains joueurs et, même si ce ne sont que quatre matches, on s’est beaucoup employés. Il faut faire attention. Certains débutent seulement en professionnel et en Ligue 1. Quatre matches, ce n’est strictement rien. Si dans trois matches, on se retrouve dans la deuxième moitié de tableau, il y a aura moins de sollicitations. Il faut rester concentrés sur notre jeu. Être réguliers et fiables. Il y a assez de chausse-trappes à anticiper pour éviter l’euphorie, surtout en cette période de mercato.

Samedi après-midi, le premier recevra le deuxième. C’est donc une affiche.

Pour la présentation du match dans les médias, peut-être, oui. De mon côté, je préfère évidemment que mon équipe soit dans les deux premiers. Après, le constat est que ce sera seulement la cinquième rencontre de la saison. Chaque match est un éternel recommencement. 

C''est-à-dire?
Rien n’est jamais gagné. Gérer l’environnement, prendre de la distance et de la hauteur, ça s’apprend. Il faut être sur le qui-vive pour accompagner ce groupe-là. Il y a tellement d’impondérables qui peuvent avoir une incidence… Le plus difficile, c’est d’avoir la même qualité tous les jours, garder de la fraîcheur mentale. Ça, c’est le plus important. Le danger, c’est de se laisser gagner par un environnement qui vous dit que vous êtes les plus beaux et les plus forts. Le Stade Rennais, qu'on affronte samedi, réussit aussi un très bon début de championnat et dispose en plus d'un effectif pour jouer la Ligue des Champions. Son banc lui permet d’être performant sur l’ensemble d’un match. Rennes figure parmi les favoris du championnat. Le challenge est très important.

On ne s’habitue jamais à jouer dans un stade vide. On jouera pour nos supporters, ceux qui sur les réseaux ou devant leur télévision, pour qu’ils continuent à être satisfaits de nous

Que vous a-t-il manqué à Nantes pour l’emporter ?

On a fini le match en étant très fatigués. Certains l’étaient même au coup d’envoi. On a tout de même réussi à être acteurs et à mener 2-0. Après, il n’y avait plus d’essence. On n’a pas su maitriser la fin de match. La tête aurait dû prendre le relais, on aurait dû garder de la justesse technique pour faire courir l’adversaire. On a perdu concentration, équilibre et structure. Donc, il y a plein d’enseignements à tirer pour mes joueurs. On a axé un débriefing vidéo là-dessus. On est en apprentissage, tout simplement.

Arnaud Nordin, qui vous a précédé en salle de presse, effectue un bon début de saison. Quel regard portez-vous sur son évolution ?

Arnaud a des qualités techniques et une capacité, rare, à être aussi à l'aise avec le pied gauche qu'avec le pied droit. Mais, il commence à peine à comprendre certaines choses. Son apprentissage passe par des séances devant le but.  Il doit acquérir toute la gestuelle de l'attaquant pour surprendre et  bien conclure les actions.  Il faut aussi qu'il s’ouvre car il avait tendance à foncer tête baissée. Il commence à donner des passes décisives. Pour progresser, on doit casser certaines certitudes. Même après 30 ans, on peut passer des paliers.

Après les nouvelles mesures décidées par le gouvernement, la jauge de spectateurs samedi à Geoffroy-Guichard sera réduite. Comment s’habitue-t-on à ce genre d’ambiance ?

On ne s’habitue jamais à jouer dans un stade vide. On jouera pour nos supporters, ceux qui sont sur les réseaux ou devant leur télévision, pour qu’ils continuent à être satisfaits de nous.