Claude Puel : "Restons solidaires et concentrés"

Comment expliquez-vous vos débuts de match difficiles?

C'est un scenario qui se répète. On concède un but sur la première occasion de l'adversaire. Ensuite, on a du mal à refaire surface. Après des discussions et des ajustements, on réussit à revenir dans le match. On a le ballon avec trois ou quatre situations qu’on peut ou qu’on se doit de convertir, mais on ne peut se satisfaire d'une telle situation. Cette semaine, on va remettre du coeur à l'ouvrage afin de préparer le prochain match dans les meilleures conditions possibles. Et le prochain match est un Derby. Il faudra se sublimer.

Comment ?

Restons bien concentrés et solidaires. On peut donner plus. On le voit en deuxième mi-temps. Nos entames nous empêchent de nous lâcher et d'emmagasiner de la confiance. Maintenant, il faut trouver des parades, avancer, être plus productifs. On est moins fluides dans le jeu, on se précipite un peu sur nos situations. On a de bonnes possibilités de revenir dans le match car on se crée des actions de but sur lesquelles la différence a été faite. Je vais être toujours derrière ce groupe. On se doit d’avoir une réaction saine et donner le meilleur de nous-mêmes.

Quel sera le mot d'ordre ?

Rester unis. Comme on ne récupérera pas beaucoup de monde dans les prochaines semaines, je me dois d’être encore plus proche de mes joueurs afin de leur donner davantage de confiance. C’est une difficulté supplémentaire. Quand on aura récupéré notre effectif, on aura des opportunités. Dans l'immédiat, on ne doit pas baisser la tête, mais continuer à travailler et à se lâcher. Pour compenser les manques, il faut plus de solidarité et de combativité. Le manque de confiance ne doit pas être une fatalité. Il nous faut beaucoup plus d’allant. Un Derby est le bon endroit pour montrer à nouveau toutes nos qualités. On ira à Lyon avec beaucoup d'énergie et l'état d'esprit qui anime le groupe à l'entraînement. Car nos séances sont de qualité. Oui, ce Derby peut constituer une bonne opportunité pour se remettre en selle.

Il peut y avoir un décalage entre une série de résultats négatifs et le potentiel d’un groupe. Le mien a montré de belles choses dès l’entame du championnat. Les qualités ne disparaissent pas d'un seul coup.

Votre groupe est assez jeune. Comment doit-il gérer cette épreuve ?

Mes joueurs ont connu en très peu de temps beaucoup d'émotions : l'euphorie d'une série de victoires dont un succès historique à Marseille qui fuyait le club depuis 41 ans puis une forme d'abattement dans une période compliquée. Ce qu’ils vivent en accéléré reste formateur. Beaucoup de joueurs présents dans l’équipe actuellement n’étaient pas programmés pour jouer autant en début de saison. En raison des absences, ils se retrouvent propulsés dans le football d'adultes. C’est pour cette raison que je ne peux pas être hyper exigeant avec eux. Ils donnent le maximum. Il est important que les joueurs d’expérience qui sont autour d’eux les encouragent et leur montrent la voie.

Justement, Yvan Neyou dit ne pas être inquiet...

Yvan est un joueur qui a le feu en lui même s'il débute.  Au-delà de ses qualités techniques qui font du bien à l'équipe, il apporte beaucoup de choses positives à ses coéquipiers. À chaque match, il se prend une gifle mais se relève. Pour moi, c’est un exemple. J’espère que tous ses partenaires prendront exemple sur lui. Nos difficultés en termes d’effectif se matérialisent trop dans nos résultats. On n’a pas d’autres choix que de repousser la fatalité et forcer notre chance. C’est dans ces situations-là que l'on voit le caractère d'un groupe. Yvan et Mahdi (Camara) peuvent avoir une grosse influence sur le terrain mais il ne faut pas oublier que des joueurs expérimentés encadrent ces jeunes et qu'ils ont un rôle à jouer. On doit être tous unis afin de compenser nos erreurs techniques par davantage de volonté.

D’un point de vue personnel comment vivez-vous une série aussi négative ?

Dans son autobiographie, Arsène Wenger dit qu'un entraîneur vit chaque défaite comme une souffrance. Quand on est compétiteur, ça fait mal. Très, très mal. Mais, quand on est compétiteur, on se relève également très vite. Et dans ces moments-là, on se doit d’être leader pour aller de l’avant et soutenir ses joueurs. J’ai déjà connu ce genre de période. Ce ne sont pas de très bons souvenirs, c’était dur, mais on s’en est relevé. Je me souviens d'une série de 12 matches sans victoire à Lille. C’était un groupe assez jeune qui, deux ans plus tard, terminait 2e puis 3e tout en battant Manchester United et le Mian AC en Ligue des Champions. J’ai également connu 6 défaites d’affilée à Nice avant de terminer 4e avec les mêmes joueurs. Il peut y avoir un décalage entre une série de résultats négatifs et le potentiel d’un groupe. Le mien a montré de belles choses dès l’entame du championnat. Les qualités ne disparaissent pas d'un seul coup. Trop d’absences nous ont fragilisés. Les jeunes joueurs vivent des situations bénéfiques pour la suite mais il y a le court terme. Le court terme, c’est le Derby. On ne doit pas accepter la situation. Il n’y a pas d’espace ou d’intervalle possible entre nous. On est tous dans le même wagon.