Denis Bouanga, le dragster venu du Mans
Arrivé l'été dernier à l’ASSE, où il est devenu le meilleur buteur du club en un peu plus de six mois, le Gabonais a vécu un début de carrière particulier. Avant de franchir les étapes une à une.
Denis Bouanga va vite. Très vite. En mode dragster susceptible de répéter des courses à haute intensité. Inlassablement. Encore et encore. Et pourtant, avant de tutoyer le haut niveau, le Gabonais aura pris son temps. Oublié des radars et laissé pour compte au Mans où il évoluait en équipe 3. "Le club sarthois avait été placé en redressement judiciaire. De nombreux joueurs nous ont alors rejoints", se souvient Grégory Bernard, coach de Mulsanne engagé en DH. Mulsanne est une commune de 5 000 habitants qui accueille une partie du tracé des 24 Heures du Mans.
Parmi les joueurs venus du Mans, figuraient Denis Bouanga mais également son frère, Didier qui opérait alors au poste d’avant-centre. "C’était fusionnel entre eux. Combien Denis lui a-t-il servi de caviars !". Le néo-Stéphanois avait soif de revanche et a fait croquer son frangin. À satiété.
Il m’avait déjà tapé dans l’œil lors d’un match ayant opposé Chançay au Mans. J’ai cru aussitôt en lui. (Franck Haise, ex-entraîneur de l'équipe réserve de Lorient)
"Denis régalait et s’éclatait., se souvient encore l'entraîneur de Mulsanne Bien que survolant les débats, il se mettait au service de l’équipe, ne se la racontait pas. Il avait toute liberté. Quelque part, on a participé à ce qu’il recouvre la confiance en lui. Nous l’avons relancé. Il nous a portés." Jusqu’à se prendre à rêver d’une accession en N3. "Le goal-average particulier avec Le Mans nous a été fatal", regrette le technicien de la Sarthe. Denis Bouanga était "un joueur à l’état d’esprit irréprochable, un bosseur redoutablement efficace".
"Il a dû claquer une trentaine de buts et largement contribué à notre excellent parcours en Coupe qui nous a vus atteindre le septième tour, poursuit Grégory Bernard. Chez nous, j’ai le sentiment qu’il a mûri, pris du plomb dans la tête au contact de joueurs qui bossaient par ailleurs", estime-t-il évoquant "un tremplin". C’est précisément à Mulsanne que Franck Haise, alors entraîneur de l'équipe réserve de Lorient, est venu le chercher. "Il m’avait déjà tapé dans l’œil lors d’un match ayant opposé Chançay au Mans. J’ai cru aussitôt en lui. J’ai eu le sentiment alors qu’il en avait encore beaucoup sous la semelle. Dans la Ligue du Maine, il est plutôt rare de croiser de tels profils, tout en explosivité et possédant les deux pieds." Une piste à creuser donc, à explorer davantage.
"Parfois, dans le métier, il nous arrive d’avoir le nez creux !", en rit encore Franck Haise. Destiné dans un premier temps à intégrer la réserve lorientaise, Denis ne tarda pas à taper à la porte de l’équipe première. "À Évian en Coupe de la Ligue puis face au PSG. J’étais déjà convaincu. Mais ses premières prestations n’ont fait que confirmer qu’il s’agissait là d’une bonne pioche. Ses prêts à Tours et à Strasbourg lui ont permis de permis de passer un cap, de franchir des paliers. Je suis heureux qu’il ait rejoint un club tel que Saint-Étienne. Et croyez-moi, il a encore une belle marge de progression." Denis Bouanga, "un homme attachant, un bon mec qui n’oublie pas d’où il vient", est en passe de rattraper le temps perdu. A vitesse grand V. Ses buts face à Brest (1-1) et Bordeaux (1-0), et sa bonne copie rendue dans le Derby, en attestent. Pour le plus grand bonheur des Verts et des Panthères noires d’un certain Pierre-Emerick Aubameyang.