Denis Lièvre, Cœur Vert à jamais
Il a tout connu de l'ASSE. Les heures de gloire et cette douce euphorie conjuguée à une fierté légitime "d'en être, de les vivre au plus près, de l'intérieur". Les montées d'adrénaline et les descentes au purgatoire de la D2. Ces vibrations à nulle autre pareilles ressenties dans tout son corps, toute son âme dans ce stade Geoffroy-Guichard, unique et magique. Denis Lièvre se souvient.
Lorsque ce supporter de toujours évoque les Verts, l'émotion affleure. Les souvenirs se bousculent, les images des jours heureux ressurgissent, le visage barré d'un large et franc sourire. "Mes premiers souvenirs dans le Chaudron ? Je devais avoir sept ans. Avec un ami, on s'y rendait à vélo. On les positionnait contre un mur, grimpait sur la selle et assistions au match. Nous étions aux premières loges et si heureux. Une joie simple mais tellement intense", confie Denis, des trémolos dans la voix.
Octogénaire bon teint à l'enthousiasme rafraîchissant et communicatif, il vibre aujourd'hui encore pour les Verts qui auront rythmé sa vie. "J'avais besoin d'un exutoire, rappelle cet ancien directeur d'une société de pompes funèbres et embaumeur. Vous savez : c'est un métier difficile. On ne peut pas être insensible à la peine de personnes ayant perdu un être cher. On s'attache à les accompagner, du mieux que nous le pouvons." Avec compassion et une empathie non feinte. "Humainement. J'accompagnais chaque famille endeuillée comme ma propre famille".
Et d'ajouter : "En vérité, j'ai toujours eu deux personnalités bien distinctes. Dans l'exercice de ma profession et ma vie privée." Avec un trait d'union cependant : tendre toujours la main aux autres, servir, être bienveillant. "J'aime m'impliquer, m'investir." Sans réserve ni modération. À 200%. Aujourd'hui comme hier. "J'ai derrière moi 35 ans de Père Noël ! J'ai débuté à l'ASSE. Désormais, c'est dans mon village de La Fouillouse que je perpétue la tradition." Et où il aime, avec ses amis, refaire le match. Encore et encore. Et évoquer de merveilleux souvenirs.
"Un rapport charnel avec le stade Geoffroy-Guichard"
"Avec Joannès Gignoux, Georges Elbeck, Edmond Teyssier, Alex Mahinc, Guy Talon et Jean Nebouy, pour ne citer qu'eux, on fourmillait d'idées. On avait une obsession : promouvoir notre club, notre ville. Le président Rocher nous avait aménagé un préfabriqué sur le parking du stade afin que nous puissions nous réunir." C'est là, dans cette Maison des Associés que Denis et ses amis phosphoraient et imaginaient des axes de développement. "Les gadgets que nous avions imaginés furent une réussite. Des écharpes aux bonnets en passant par les tee-shirts et les fameux pare-soleil destinés aux véhicules et aux poids lourds et ce slogan que l'on pouvait croiser sur toutes les routes de France et de Navarre : "J'ai deux amours : mon camion et les Verts !"
Des milliers de kilomètres, précisément, Denis Lièvre en parcourut. En bus ou en avion. De Split à Glasgow en passant par la Crimée. Avec toujours cette même fierté au cœur. Celle d'accompagner une équipe de légende, un club unique, des hommes et des footballeurs de grande qualité. "On était proches d'eux, à l'époque." Les temps ont bien changé mais la passion demeure. Lorsqu'il se rend à Geoffroy-Guichard, Denis Lièvre avoue avoir "le palpitant et le corps qui vibre. Je porte un regard particulier sur cet endroit magique, sacré. C'est un peu notre religion. J'ai un rapport charnel avec notre Chaudron."
Des frissons lui parcourent l'échine à sa seule évocation. Lui qui aime passionnément les siens bien évidemment mais aussi ce club pas tout à fait comme les autres et ce ballon rond, passion de toute une vie. "J'ai commencé à la Vigilante à l'âge de 7 ans. Je jouais avant-centre. J'ai signé ma dernière licence à 57 ans à La Fouillouse, ailier gauche." Côté cœur, celui qui battra à jamais pour l'ASSE.