Geoffrey Dernis : "J'adorais ce public magnifique"
Après avoir mis un terme à sa carrière, Geoffrey Dernis est revenu s'installer dans la région montpelliéraine, là où il avait connu la consécration suprême et un titre national encore dans toutes les mémoires, au terme d'un duel à distance épique avec le PSG en 2012.
"Le foot, je l'ai mis un peu de côté avant de replonger à Pérols, un club de R3 auquel je donnais un coup de main bénévole depuis deux ans. En janvier, le président m'a demandé de reprendre l'équipe. Ce que j'ai accepté. Je me suis pris au jeu et envisage d'ailleurs de passer mes diplômes d'entraîneur. Le challenge m'a plu et nous allons le relever, nous sauver alors que nous étions avant-derniers voici quatre mois", confie l'ancien Stéphanois, gaucher ô combien talentueux. "Par ailleurs, j'ai aimé mes expériences de consultant à France Bleu Hérault et à Téléfoot qui, hélas, s'est interrompue rapidement. Il ne me déplairait pas de pouvoir à nouveau y goûter". C'est tout le mal que l'on peut souhaiter à Geoffrey dont l'expertise est reconnue par ses pairs.
Ton coéquipier le plus talentueux?
Pascal Feindouno. Un magicien. Il faisait ce qu'il voulait quand il voulait. Un talent incroyable, tout à la fois passeur et finisseur. Il avait le sens du dribble, de la feinte. Sans compter un coffre énorme. Quand il disait: "ce soir, les gars, on va gagner", on savait que ce serait le cas, qu'il nous porterait vers la victoire ! Un génie, une classe incroyable, une facilité déconcertante, insolente. Il ne se prenait pas la tête, était toujours souriant.
L'adversaire le plus doué ?
Dani Alvès que j'ai affronté avec Lille en Coupe d'Europe alors qu'il évoluait au FC Séville. Un latéral moderne, complet, puissant, inarrêtable, capable de répéter les efforts, doté d'un gros abattage. C'est bien simple : j'ai passé mon temps à lui courir après !
Le joueur le plus pro ?
J'en citerais deux. Vitorino Hilton, son exceptionnelle longévité est d'ailleurs suffisamment éloquente et Christophe Landrin. Il était sec. Une machine. RoboCop. Les séances ne lui suffisaient pas. Il en redemandait toujours.
Le défenseur qui t'a posé le plus de problèmes ?
Sylvain Armand au PSG. Un beau bébé, costaud, difficile à bouger.
Ton équipe préférée, celle qui te réussissait le plus ?
La Côte d'Azur devait m'inspirer car j'ai souvent été à mon avantage à Monaco et à Nice ! J'ai marqué assez régulièrement face à ces deux formations.
Mon meilleur souvenir ? Le titre de champion avec Montpellier mais aussi le retour des Verts en Coupe d'Europe après trente ans d'attente.
Celle en revanche face à laquelle rien ne te souriait ?
Le Racing Club de Lens. Et tout particulièrement avec Sainté à Bollaert. Je me souviens que lors de la saison 2006-2007, nous avons mené 3-0 avant de concéder le nul (3-3) dans le temps additionnel. La saison suivante, nous comptions deux buts d'avance avant d'être battus (3-2) dans les derniers instants. Incroyable ! Ils avaient une équipe très athlétique composée de mecs qui ne renonçaient jamais.
La causerie la plus marquante ?
Celle de René Girard avec Montpellier lors de notre déplacement à Auxerre lors de la dernière journée de championnat en 2012. Un succès et nous étions titrés. Jamais dans son histoire, Montpellier n'avait été sacré. Nous étions à la lutte avec le PSG. René Girard a eu des mots simples mais très justes. Il a su faire retomber la pression et bien que menés, nous nous sommes imposés (2-1). C'était de la folie. Nous venions d'écrire la plus belle page de l'histoire de ce club, épatant à l'image de son président, Louis Nicollin avec lequel un échange de regards suffisait. Une première ligne au palmarès du MHSC : en termes d'adrénaline, je vous laisse imaginer ! Derrière, on a fait la fête, trois jours durant, dans le mas du président...
Ton meilleur souvenir ?
Le titre de champion avec Montpellier mais aussi le retour des Verts en Coupe d'Europe après trente ans d'attente. Quelle ambiance, quel plaisir. J'ai même eu la chance de claquer face à l'Olympiakos. Et puis bien sûr mon but en 2007 dans les arrêts de jeu face à l'OM d'Éric Gerets et de Steve Mandanda (1-0) d'une frappe dans la lucarne. L'OM sortait, mine de rien d'un succès à Liverpool (1-0) en Ligue des Champions. Je me souviens de l'explosion de joie dans le Chaudron. Et dire qu'une semaine plus tôt, j'avais été mis à l'écart. Sans compter qu'il s'agit de ma seule victoire face à Marseille de toute ma carrière.
Ta plus grosse désillusion ?
Celle de ne pas être resté à Sainté. Je m'y sentais bien. J'adorais ce public magnifique.
Le transfert qui ne s'est pas réalisé ?
Précisément après mon départ de Saint-Étienne, j'ai eu des touches avec l'Espanyol de Barcelone. Je sortais d'une grosse saison. Une expérience à l'étranger m'aurait tenté. Hélas, le président et le coach, avec qui des contacts avaient été noués, ont quitté le club. Cet été-là, je me suis finalement engagé avec Montpellier. Le contrat s'est négocié avec Laurent Nicollin dans une paillote, les pieds dans l'eau ! C'était dingue, improbable. Juste royal.