Ivan Curkovic : "Un grand privilège de soulever la coupe"
Devenu capitaine, le mythique portier stéphanois est l’homme du parcours de 1977, marqué par une demi-finale mythique face au FC Nantes et une ultime finale réussie face au Stade de Reims.
LE CONTEXTE
Un adversaire en maillot rouge et blanc : tout en ce 18 juin 1977 ramène les Verts au Liverpool FC. Les Verts ont tout tenté face aux Reds quelques semaines plus tôt en quart de final de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Finalement éliminés dans l’enfer d’Anfield (1-0 ; 1-3), les Stéphanois doivent se consoler face au Stade de Reims, qui arrive au Parc des Princes privé de Carlos Bianchi, son attaquant vedette.
En championnat, les hommes de Robert Herbin ont payé leurs efforts européens en ne se classant que cinquièmes. Heureusement, ces derniers ont su se rattraper en réalisant un parcours en Coupe de France réussi, notamment en sortant le FC Nantes lors d’une demi-finale pleine de suspense (0-3 ; 5-1 après prolongation).
Lors de cette finale, les Stéphanois réalisent une nouvelle «remontada» face à des Rémois désemparés. Menés au score, ils l’emportent dans les ultimes secondes et remportent la sixième -et pour l’instant ultime- Coupe de France du club. L’homme qui la soulève le fait pour la première fois le brassard de capitaine au bras. Cinq ans après son arrivée à l’ASSE, Ivan Curkovic mène les Verts. Depuis Belgrade, il se remémore l’époque, sans jamais se dépourvoir de sa classe naturelle.
Quels souvenirs gardez-vous de cette finale ?
C’est la troisième que j’ai remportée avec l’ASSE mais c’est la seule pour laquelle j’étais capitaine. Ce qui m’a donc donné l’opportunité de recevoir le trophée et de le soulever face au public. Je l’ai vécu comme un grand privilège car être capitaine de l’AS Saint-Étienne lors d’une finale de Coupe de France n’est pas anodin.
Il y a d’ailleurs une anecdote assez cocasse au moment où vous soulevez la coupe…
Quand Raymond Barre, alors Premier Ministre, me tend le trophée, le bouchon tombe ! J’ai essayé de le rattraper mais je n’y suis pas arrivé. Bon, le plus important restait d’avoir attrapé les ballons des attaquants rémois durant le match (rires) !
Quelle place avait la Coupe de France au sein du vestiaire stéphanois ?
À cette époque, la Coupe de France était un trophée d’une grande envergure. Le fait que ça se joue en match aller-retour était particulier. Les adversaires voulaient faire tomber l’ASSE. Et puis la finale était une vraie fête du football. La chance qu’on avait, en 1977, c’est d’avoir une grande expérience. Jouer une finale, on en avait l’habitude. Au tour précédent, on avait éliminé le FC Nantes lors d’une demi-finale incroyable. Une fois à Paris, on ne pouvait pas rentrer sans la coupe.
"Dans la tête de Robert Herbin, pour être capitaine, il fallait le mériter. Quand je le suis devenu, je l’ai pris comme un honneur"
Cette saison-là, les Verts avaient buté sur le grand Liverpool en quart de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions…
Le match retour à Anfield est sans doute le plus grand regret de ma carrière. Les circonstances étaient un peu particulières. Je repense souvent aux buts que j’ai encaissés en me disant que j’aurais pu mieux faire. On avait un avantage acquis au match aller. Petit, certes, mais je continue de penser qu’on aurait pu le conserver de meilleure manière. Pour moi, un an après la finale de Glasgow, on avait l’expérience nécessaire pour aller remporter la Coupe d’Europe.
Comment êtes-vous arrivé jusqu’au statut de capitaine ?
Au moment du départ de Jean-Michel Larqué, j’étais l’un des plus âgés. Jean-Michel était un super capitaine, il méritait cette grande distinction pour tout ce qu’il avait fait pour le club. La logique voulait que le brassard me revienne car j’étais l’un des plus anciens. Dans la tête de Robert Herbin, pour être capitaine, il fallait le mériter. Quand je le suis devenu, je l’ai pris comme un honneur.
Quel genre de capitaine étiez-vous ?
Je ne pense pas que le fait de le devenir ait changé ma personnalité ou mon attitude dans le vestiaire. J’ai toujours voulu être exemplaire sur le terrain et en-dehors. J’avais déjà été capitaine au Partizan Belgrade. Je savais ce que cela représentait. Pour moi, chez un capitaine, le sérieux prime. C’est pour cela que j’aime que Loïc Perrin soit l’un de mes successeurs. Dans l’implication, c’est le capitaine parfait.
Comment analysez-vous cette finale face au PSG ?
Je suis d’abord très heureux car mon club de cœur jouera une finale, ce qui est déjà magnifique. J’aurais aimé que les supporters puissent vivre ça à Paris, ils le méritent. Moi-même, si j’avais pu, j’aurais tout fait pour venir. L’adversaire est une des toutes meilleures équipes d’Europe. Il faudra un supplément d’âme pour réaliser l’exploit. Chez moi à Belgrade, je serai comme un supporter derrière mon écran de télévision.
L'objet du Musée des Verts
Plus grand gardien de l'histoire de l'ASSE, Ivan Curkovic est un joueur central dans la grande histoire des Verts. Le maillot de la finale de 1977, la dernière remportée par le club stéphanois, trône au sein du Musée des Verts.