Jean-Louis Gasset porteur de flamme

Il y a d’abord sa voix grave, rocailleuse, chaude et cet accent qui porte la passion quand il parle football. Incomparable. Le timbre colle à son passé montpelliérain, une première vie comme joueur pro puis entraîneur-adjoint et entraîneur du club héraultais de Louis Nicollin. De la Paillade à la Division 1. Puis à Caen et Istres, seul, il a confronté ses idées au terrain.

Après, il y a le deuxième acte de sa carrière, une décennie partagée avec Laurent Blanc, dont il devient l’adjoint à Bordeaux, en équipe de France puis au Paris SG. Dans ce rôle, on jurerait qu’il préfère marcher à l’ombre pour mieux éclairer le travail du tandem qu’il forme. Il y a gagné une sacrée réputation quand lui-même se fi che des étiquettes. Pourvu qu’il ait le temps de travailler pour appliquer ses idées. Quelques mois après avoir quitté le PSG où Laurent Blanc a été poussé vers la sortie au début de l’été 2016, c’est sans doute cette mentalité qui l’a amené à relever le challenge que lui proposait Montpellier, son “club de cœur” pour une opération maintien, finalement menée à bien. La même envie du terrain, des vertus collectives, de l’effort, lui a fait rejoindre l’ASSE cet automne. D’abord pour épauler Julien Sablé puis pour prendre en charge seul l’équipe. 

“Je ne suis pas un ambianceur, je suis un entraîneur”, lâchait-t-il à la reprise face au défi qui l’attendait. Il a 64 ans et le cuir tanné. “Je sens qu’il y a une bonne osmose parce que les joueurs qui sont arrivés sont des grands pros et ce sont des exemples pour les jeunes”, assurait-il encore au moment de remettre la machine en marche, renforcée par un mercato hivernal où il s’est investi pour attirer dans le Forez des garçons comme M’Vila et Debuchy.

Il prédit une victoire alors que les Verts sont menés au score

Quatre mois plus tard, l’ASSE finit son championnat en lorgnant vers l’étage supérieur de la Ligue 1 depuis quelques matches. Jean-Louis Gasset a rallumé
la flamme. Aidé dans sa tâche par son ami et complice Ghislain Printant, Montpelliérain lui aussi, qu’il a vite appelé à ses côtés et Julien Sablé.  Avant la réussite et cette longue période d’invincibilité qui s’est imposée dès février, il a posé des mots sur les maux de son groupe pour le faire progresser. Sans emballement. Ni concession. En concernant tout l’effectif dans la mission. À dessein, il a mis en avant les vertus du travail au quotidien pour que le premier objectif “des 42 points” soit atteint avant d’imaginer autre chose. C’est arrivé le 1er avril, à Nantes avec la plus large victoire à l’extérieur (3-0) sous son mandat.

“Quand je suis venu, il m’a dressé un tableau très clair de la situation. Il y avait urgence”, rappelle Ghislain Printant. On connaît la suite. Geoffroy-Guichard n’attendait qu’une étincelle pour s’enflammer. Casquette sur la tête, son regard scrute tout. Ses joueurs, ses interlocuteurs et ce jeu de football dont il connaît les tours et détours. Alors, on l’écoute sans qu’il ait à élever la voix. À la mi-temps de Saint-Étienne-Troyes (2-1), le 22 avril, les Verts sont menés
au score. Un comble alors que l’ASSE, pour la première fois de l’année, est en passe d’accéder - même provisoirement - à une place européenne au classement. Tout un symbole. En rentrant au vestiaire, les joueurs entendent les sifflets de Geoffroy-Guichard. Leur entraîneur n’en rajoute pas. “On va gagner 2-1”, leur dit-il. Et l’ASSE s’impose 2-1 avec 2 buts de Robert Beric, entré en jeu. Coaching gagnant. C’était avant le déplacement décisif à Montpellier,
la semaine suivante. Encore l’émotion. La Ligue 1 a redécouvert l’homme et l’entraîneur, placé dans la lumière. Avec l’envie d’y attirer tout son groupe. Avec l’exigence du travail bien fait. Et, sous sa casquette, il n’y a que lui qui connaît la suite de l’histoire.

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