Julien Sablé : "Une aventure qui vous lie à jamais"
Avant la finale de la Coupe Gambardella (ce samedi à 17h15), l'entraîneur adjoint du groupe pro revient sur la symbolique de ce trophée et l’enjeu qu’il représente pour un centre de formation, lui qui a gagné le trophée avec l’ASSE en 1998.
Quels souvenirs gardez-vous de votre finale de Coupe Gambardella remportée avec l’ASSE en 1998 ?
Ce sont des souvenirs qui émergent quand je regarde le parcours de nos jeunes cette année. C’est d’abord beaucoup d’émotions. Tu gardes des souvenir de jeunesse, d’insouciance et de naïveté, et, enfin, d’apothéose quand on brandit le trophée. C’est un magnifique souvenir de ma formation. Je vois encore certains de mes coéquipiers de cette aventure : elle vous lie à jamais.
Vous aviez été sacrés Champions de France U17 l’année précédente. Que représentait la Coupe Gambardella lorsque vous vous êtes lancés dans cette aventure ?
À l’époque, les catégories d’âge étaient vraiment respectées et on savait tous qu’on aurait notre chance uniquement sur deux années. On ne voulait pas rater une édition. Quand tu arrives au centre en étant petit, tu vois les plus grands jouer cette compétition. Tu entends tout le monde en parler, des joueurs aux éducateurs. Ça te fait rêver. J’ai eu la chance de jouer deux fois la Coupe Gambardella. La seconde fois, on est allés au bout.
La victoire de votre génération résonnait comme un espoir pour le club, en difficulté en Division 2 à ce moment-là…
C’est exactement ça. Nous étions quelques joueurs à prétendre jouer au haut niveau, mais on n’imaginait pas que cela pourrait arriver si vite. La finale s’est jouée le samedi et, le vendredi suivant, je disputais mon premier match en pro en tant que titulaire. Malgré cet élan d’enthousiasme qu’avait donné au club la victoire en Coupe Gambardella, j’étais allé au match de manière innocente. Je ne savais pas que j’allais jouer dans un match décisif pour le maintien du club en Division 2. Mais cette compétition avait donné, à coup sûr, un coup de projecteur sur les jeunes. Cela signifiait “Regardez, le centre de formation de l’ASSE travaille bien“.
C’est un contexte qui se rapproche du monde professionnel et c’est en ça que la Coupe Gambardella est une très bonne préparation.
Aujourd’hui, votre regard sur la compétition a-t-il changé ?
Aujourd’hui, on est plus dans la formation du joueur et cette compétition n’est pas un objectif majeur en début de saison. Elle le devient au fil des tours. Ces dernières années, on a vu des équipes surprises faire de beaux parcours, parfois même jusqu’à la victoire finale, parce qu’elles jouaient “à l’âge“ comme on dit. Chez nous, à l’ASSE, les meilleurs potentiels sont surclassés pour jouer avec l’équipe réserve.
Lors de la réception de Bordeaux à Geoffroy-Guichard, les supporters ont déployé une banderole en l’honneur du groupe Gambardella. Comment la compétition peut-elle servir aux jeunes ?
Elle représente, en l’espace de quelques matches, une superbe préparation pour leur avenir professionnel. Les émotions, la pression, l’intensité… tout est condensé dans ces matches-là. C’est encore plus fort que ce qu’on peut retrouver lors des derbies de jeunes. Ce sont les premières grosses émotions. Cette année, lors de la demi-finale face à Bordeaux, je n’avais encore jamais vu autant d’attente et de pression sur le Stade Aimé Jacquet de L’Étrat. C’est un contexte qui se rapproche du monde professionnel et c’est en ça que la Coupe Gambardella est une très bonne préparation.
Comment évaluez-vous la progression de la génération U19 actuelle ?
C’est une génération qui travaille ensemble depuis la catégorie U12. Cela correspond aux débuts d’une personne très importante pour eux, leur entraîneur Razik Nedder. Il a réussi à les façonner, à les faire progresser et les a bien formés. C’est aussi le fruit du travail de la cellule de recrutement, qui a su faire venir des joueurs permettant à tout le groupe de se tirer vers le haut.
Jean-Louis Gasset a pris soin d'eux. Ils ont acquis de l'expérience.
Beaucoup de jeunes s’entraînent régulièrement avec le groupe pro. Quel est précisément votre rôle auprès d’eux?
Au-delà de mon rôle de responsable de la post-formation, j’ai un lien psychologique fort avec eux. Je les ai vus grandir pour la plupart. Mais je suis là pour leur rappeler que le travail est très loin d’être fini. Je suis leur repère, je guide les premiers pas dans le vestiaire pro de ceux qui ont la chance de l’intégrer. Je suis aussi là pour les épauler à l’entraînement, parce que l’exigence extrême que nous avons à l’ASSE n’est pas évidente à gérer pour un jeune. C’est énormément de travail individuel et cela va au-delà du cadre sportif. Un joueur professionnel de l'ASSE doit s'approprier certaines valeurs dans lesquelles se reconnaissent tous les Stéphanois.
Quelle est la principale force de cette génération ?
Certainement la détermination. On pourrait croire à un surplus de confiance, mais ils sont en réalité persuadés qu’ils sont capables d'accomplir de grandes choses. Cette saison, certains d'entre eux ont eu la chance de s'entraîner très régulièrement avec le groupe pro. Jean-Louis Gasset a pris soin d'eux. Ils ont acquis de l'expérience. J'ai également en tête notre match à Caen auquel plusieurs jeunes avaient été conviés. Ils ont fait le déplacement avec nous, Jean-Louis ne les a pas fait jouer pour les préserver mais ils sont revenus avec la banane. Et le lendemain ils se sont brillamment qualifiés pour les demi-finales aux dépens de Lille. Cette saison, les jeunes font totalement partie du projet sportif porté par le coach. Le groupe U19 a gagné en maturité et met des actes sur sa motivation. Et c’est tout ce qu’on aime à Saint-Étienne.