Le sang-froid de Vincent Hognon
Bien que demeurant sur trois succès de rang et faisant figure plus que jamais de candidats crédibles à une remontée en Ligue 1, les Verts débarquent en Normandie sur la pointe des crampons. Face à des "Diables rouges", ragaillardis par l'arrivée aux affaires d'un certain Jean-Guy Wallemme croisant le fer avec l'ASSE pour la première fois depuis son départ du Forez, les Ligériens ne se déplacent pas en terrain conquis. Convaincus que cette rencontre les opposant à une formation luttant pour son maintien ressemble à s'y méprendre à un match-piège, les Stéphanois affichent d'emblée une solidarité et une pugnacité de bon aloi. Bousculée par Sergent et les siens, montant au front avec détermination et ardeur, l'ASSE doit, en outre, rapidement faire face à un handicap de poids. Frédéric Mendy, dans la tourmente d'un stade Robert-Diochon balayé par un vent violent, voit rouge et laisse ses coéquipiers batailler à 10 dès la 25e minute.
Porté par son public, Rouen impose un gros défi physique, combat avec ses armes mais se heurte à une équipe visiteuse altruiste et appliquée. Et à un ultime rempart nommé Jérémie Janot bondissant de sa boîte tel un diable vert. Les Normands s'escriment à forcer le verrou ligérien, poussent les coéquipiers de Julien Sablé dans leurs ultimes retranchements, s'époumonnent. En vain. Jusqu'aux arrêts de jeu et une grossière faute commise sur Fabrice Jau. Dans un contexte hostile et en dépit de longues palabres et autres intimidations, Vincent Hognon s'avance, prend ses responsabilités et le portier tunisien, Ali Boumnijel à contre-pied. Meilleure formation à l'extérieur avec dix succès à leur actif, les Verts, bien que privés des services de Pathé Bangoura, Patrice Carteron, Lilian Compan et Stéphane Hernandez, s'imposent sur le fil (1-0) et se rapprochent un peu plus de la Ligue 1.
S'il ne boude pas son plaisir, le technicien corse met cependant en garde contre toute euphorie naissante. "La saison dernière, nous aurions perdu ce genre de matches. Gare toutefois à toute forme de relâchement. La route est encore longue." Sur la même longueur d'ondes, Vincent Hognon, le héros modeste et exemplaire du soir, lui emboîtera les pas dans les colonnes de "La Tribune" : "en l'absence des tireurs habituels de penalties, les Rouennais m'ont chambré mais je suis resté concentré. Cette victoire est bien évidemment précieuse. La montée est notre obsession!"
Elle sera effective deux mois plus tard sur la pelouse de Niort et un ultime feu d'artifice dans le Chaudron aux dépens de Châteauroux battu sur un coup de canon et de génie signé Damien Bridonneau (2-1).
20 mars 2004
À Petit-Quevilly (Stade Robert-Diochon), AS Saint-Étienne bat FC Rouen : 1-0 (0-0).
Arbitre : Didier Falcone; 10 743 spectateurs.
But pour Saint-Étienne : Hognon (92e, sp).
Avertissements à Rouen : Sergent (16e), Chapuis (24e), Bessaque (29e), Domoraud (52e), Fournier (87e), Dorizon (88e).
Avertissement à Saint-Étienne : Ilunga (84e).
Expulsion à Rouen : Bessaque (89e).
Expulsion à Saint-Étienne : Mendy (25e).
Rouen : Boumnijel - Chapuis (Ratsimbazafy, 76e), Fournier, Sergent (cap.), Dorizon - Bessaque, Domoraud, Boronad, Rabuel - Sitruk, Fortuné. Entraîneur : Jean-Guy Wallemme.
ASSE : Janot - Bridonneau, Hognon, Morestin, Ilunga - Jau, Sablé (cap.), Hellebuyck, Mendy - Marin (Citony, 64e), Gomis (Perrin, 81e). Entraîneur : Frédéric Antonetti.