Les coulisses de l'épopée en DVD

Benjamin Rassat:  «L’épopée d’une équipe qui ne renonce jamais»

Le remarquable documentaire  « Saint-Etienne, l’épopée 1976 », coproduit par l’ASSE, l’INA et Canal Plus, a été réalisé par un authentique passionné  des Verts, Benjamin Rassat. Le « doc » mêle des images inédites, provenant des archives de l’INA et du Musée des Verts, et des témoignages des 16 joueurs et de leur entraîneur, Robert Herbin. Co-fondateur du site Sport24.com et du magazine GrandChelem, Benjamin Rassat est aussi  le réalisateur d'une trilogie sur le sport (« McEnroe-Lendl. Le Crépuscule des Dieux », « La Légende d'Alain Mimoun », « Arnaud Assoumani, l'homme au bras d'or »).

Un tel documentaire ne pouvait qu’être l’œuvre d’un passionné. Comment est né votre amour pour les Verts ?
 J’avais 5 ans en 1976 et je vivais, avec ma famille, au rythme des Verts.  L’album Panini de la saison 1975-1976 et un livre « Association Sportive de Saint-Etienne, l’épopée 1974-1975 » étaient mes contes pour enfants. J’ai été bercé par les matches des Verts. Le 40e anniversaire de la finale de Glasgow m’a donné l’occasion de réaliser un documentaire sur toute l’épopée et j’ai sauté dessus. Les bulles de l’enfance ont remonté ! J’ai acheté toutes les cassettes, j’ai visionné tous leurs matches. C’est un film qui s’est fait rapidement, en trois mois, parce que je connaissais cette épopée par cœur.

Quel est le témoignage le plus émouvant ?
Pour les téléspectateurs et ceux qui verront le DVD, ce sera sans aucun doute le témoignage de Christian Synaeghel.  Il était blessé et n’a pas joué la finale. Quand il en parle, il craque… Sa réaction, quarante ans après, est d’autant plus surprenante que Christian est un homme réservé. Pour moi, le témoignage qui m’a marqué est celui  de Gérard Janvion car j’ai eu beaucoup de mal à l’obtenir. Gérard habite en Martinique et semblait lassé de parler de l’épopée. J’ai dû l’appeler plusieurs fois pour le convaincre. J’ai passé 24 heures en Martinique pour deux heures d’interview merveilleuses. En revoyant les images, Gérard a fait preuve d’un enthousiasme incroyable. Et notre rencontre s’est terminée autour d’un verre de rhum arrangé. Gérard m’a montré une photo où il quitte le terrain avec le poing levé en compagnie d’Oleg Blokhine, tête baissée. C’est un peu le graal du film.

Parmi toutes les anecdotes que vous ont racontées les Verts de 76, quelle est celle qui vous a marqué ?
Le récit d’Ivan Curkovic sur le match contre Kiev. Ivan connaissait bien le monde de l’est. Il est toujours dans l’analyse et explique pourquoi l’ASSE a terrassé Kiev qui était alors présentée comme la meilleure équipe du monde. Il parle du mystère de l’est. Il nous raconte comme un géant habitué à tout gagner et à tout écraser peut être déstabilisé par un adversaire qui ne renonce jamais.

Comment expliquez-vous que l’épopée des Verts soit toujours un phénomène culturel quarante ans après ?
L’ASSE a réussi des exploits en sachant retourner des matches. Dans les années 70, le sport français semblait faible mentalement et les Verts formaient une équipe forte capable de renverser les montagnes. Depuis, les héros de 1976 ont toujours su entretenir un rapport chaleureux avec les supporters. C’est aussi ce contact particulier avec le peuple qui les a rendus si populaires. Le film montre toute la sensibilité des 16 joueurs et de leur entraîneur.»
DVD « Saint-Etienne, l’épopée 1976 ». Prix : 9,90 €. En vente à partir du 20 mai.