Michel Platini: "Un club unique"
Vainqueur de l'Euro 1984 avec les Bleus et de la Coupe d'Europe des clubs champions sous le maillot de la Juventus Turin, le triple Ballon d'Or rappelle que c'est à Saint-Etienne qu'il a remporté son seul titre de champion de France de Ligue 1.
En 2013, l'AS Saint-Étienne l'a nommé ambassadeur à vie. Michel Platini s'est imposé dans la légende des Verts comme le joueur d'exception qui a conduit le club jusqu'à son 10e titre de champion de France. Ce 2 juin 1981, face à Bordeaux, il a en effet marqué les deux buts d'une victoire historique. Quarante ans après, l'ancien capitaine des Bleus garde un souvenir ému de cette rencontre.
Quels souvenirs gardez-vous de votre victoire face à Bordeaux (2-1), le 2 juin 1981, et de votre doublé ? Pouvez-vous encore décrire ces deux buts ?
Un souvenir forcément ému car il s’agit de mon seul titre de champion de France de D1. Avant Saint-Etienne, j’avais simplement été champion de France de D2 avec l’AS Nancy-Lorraine. Ce match contre Bordeaux reste unique par son intensité. Les deux buts que j’ai marqués m’ont laissé une émotion très forte. Je ne suis pas capable de les décrire mais ils restent comme deux buts joyeux, de victoire et d’enthousiasme pour toute l’équipe.
Cette saison-là, je me sentais très fort physiquement et techniquement. Cette sensation de plénitude physique était peut-être due à la préparation, notamment athlétique, que nous imposait Robert Herbin.
Cette saison-là, vous avez marqué 29 buts toutes compétitions confondues. Sur un plan personnel, est-ce l’une de vos saisons les plus réussies ?
C’est difficile à dire... Je ne sais pas si c'est la plus aboutie. Globalement à Saint-Etienne, et en particulier cette saison-là, je me sentais très fort physiquement et techniquement. Cette sensation de plénitude physique était peut-être due à la préparation, notamment athlétique, que nous imposait Robert Herbin.
Quarante ans après, ce succès face à Bordeaux a une place particulière dans le cœur des Stéphanois car il est celui du 10e titre et donc de l’étoile qui figure sur le logo du club. Etes-vous surpris par le sentiment de fierté qui continue d’habiter les supporters par rapport à ce titre ?
Je ne suis pas surpris.Toute l’histoire du club de l’ASSE est une histoire de passion pour le football. Je le dis et le redis : dans les années 1970, ce sont cette passion et ce goût pour la victoire qui ont conduit ce club à être la matrice, le berceau, de tout le renouveau du football français.
Vous avez souvent dit que le football appartenait aux joueurs et aux supporters. L’ASSE incarne-t-il cette idée du football que vous continuez de défendre ?
Saint-Etienne est indiscutablement un club unique, avec un public exceptionnel et exemplaire de l’esprit du football que je porte. Mais ma vision du football ne cherche pas d’incarnation, elle est politique et internationale. C’est une philosophie pour le football dans son ensemble.
Cette saison, l’ASSE est le club qui a fait jouer le plus grand nombre de joueurs formés au club parmi les cinq grands championnats européens. Est-ce le bon projet, un modèle vertueux face au tout business ?
C'est dans l'identité du club. L'ASSE avait déjà créé dans les années 1970 l’ossature d’une grande équipe en partant d’une base de jeunes très bons joueurs formés au club comme Christian Lopez, Christian Sarramagna, Dominique Bathenay, Gérard Janvion, Alain Merchadier, Christain Synaeghel, … A l’époque, le club a pu garder cette ossature pendant plusieurs années. Aujourd’hui c’est moins facile de faire vivre ce modèle de club.