P-E. Aubameyang: «Les gars, ayez faim !»
«Aubame» a toujours le coeur vert. Avant le derby, qu’il vivra comme un supporter devant sa télé, à Dortmund, le meilleur joueur africain apporte son soutien à ses anciens coéquipiers.
Lors de ton arrivée à l’ASSE, avais-tu conscience de l’importance du derby ?
J’ai très vite compris que ce n’était pas un match comme les autres. Lorsque j’ai signé à Saint-Etienne, les joueurs me l’ont dit rapidement. Les supporters aussi, bien entendu. Avant mon premier derby, je me souviens qu’ils étaient venus à L’Etrat avec des banderoles. Quand tu es joueur, tu te dis « Okay, ce match, on ne le joue pas que pour nous ».
Quand tu es joueur, tu te dis « Okay, ce match, on ne le joue pas que pour nous »
Lors du dernier que tu as disputé, en 2013, tes coéquipiers et toi raportez le nul de Gerland après avoir ouvert la marque (1-1). Quel souvenir gardes-tu de ce match ?
Je me souviens que j’aurais pu marquer… Mais je garde surtout en tête le but de « Zoum ». J’étais très content pour lui. Je me souviens du moment où il marque, il courait partout et, nous, nous essayions de le suivre derrière. J’ai encore des photos de cette célébration. Nous aurions pu l’emporter, mais nous avions fait un bon match.
Qu’est-ce que te disaient les supporters stéphanois lors des jours précédant un derby ?
Qu’il fallait le gagner ! Il y avait d’ailleurs eu une banderole qui disait quelque chose comme « laissez tomber les autres matches mais gagnez celui-là ». Si dans la semaine avant un derby, tu vas faire des courses au supermarché, les gens te rappellent qu’il faut tout donner sur le terrain. C’est comme ça que se vit un avant-derby à Saint-Etienne. Et je trouve ça bien. C’est pour ce genre d’atmosphère que nous jouons au foot.
L’ambiance du Chaudron un soir de derby est-elle encore plus impressionnante ?
Totalement. C’est drôle, mais la vraie ambiance avant un derby arrive juste avant le coup d’envoi. On sent quand même une certaine crispation avant le match. En revanche, une fois que l’arbitre siffle le début, c’est parti pendant 90 minutes. J’aurais aimé vivre une victoire dans le derby à Geoffroy-Guichard. C’est la seule chose qui m’a manqué. Et c’est pour ça aussi qu’il faut je revienne : pour gagner un derby !
Si tu étais dans le vestiaire stéphanois dimanche, que dirais-tu à tes coéquipiers ?
Je leur dirais: « Les gars, ayez faim ! Si on gagne ce match, on a les supporters derrière nous pour toute la saison ! ».
Que les supporters mettent une ambiance de feu dès le début du match ! Ils ne peuvent pas imaginer comment ils nous transcendent
Et aux supporters ?
Qu’ils mettent une ambiance de feu dès le début du match ! Ils ne peuvent pas imaginer comment ils nous transcendent. Dès que le ballon est dans la moitié de terrain adverse, tu les sens te pousser. C’est quelque chose qui donnerait de la force à n’importe quel joueur.
Vas-tu regarder le derby ?
Je rentre samedi soir en Allemagne (NDLR: ce soir). Nous étions à Dubaï avec le Borussia Dortmund pour un stage. Je voulais venir à Geoffroy-Guichard. Mais, dernièrement, j’ai beaucoup voyagé et j’ai besoin de repos. Je serai devant mon écran. C’est sûr et certain. La saison dernière, pour le 3-0, j’étais comme un fou à la maison. Comme si j’étais encore membre de l’équipe.
Une opposition ASSE-Dortmund est encore possible en UEFA Europa League. Est-ce un match que tu souhaiterais disputer ?
J’y pense, j’en rêve, je prie pour que cela arrive ! Ce serait beau. Revenir jouer dans le Chaudron serait exceptionnel. Et les supporters stéphanois viendraient connaître le Mur Jaune…
Tu disputes un derby très chaud avec le Borussia Dortmund face à Schalke 04, le « derby de la Ruhr ». Une comparaison entre les deux matches est-elle possible ?
C’est à peu près le même type d’ambiance et le même genre de rivalité, sur et en dehors du terrain. La dimension est peut-être plus importante à Dortmund car le stade est plus grand. Mais ce sont des matches incroyables à vivre. Surtout quand on les gagne !
Tu viens de remporter le trophée de meilleur joueur africain de l’année et cartonnes en Bundesliga. Aurais-tu cru ça possible lors de ton départ de Saint-Etienne ?
J’ai toujours rêvé de vivre des moments comme ça dans le football. Depuis tout petit et mes premiers matches. J’ai une philosophie dans la vie : tout est possible. Il suffit de bosser, s’accrocher, y croire. Bien sûr, je savais qu’il fallait que je travaille. Je vis des moments exceptionnels en ce moment. J’ai changé de planète !