Quand les Verts trouvent chaussure à leur pied

Solidement campé sur ses jambes, flairant les bons coups dans la zone de vérité, multipliant les appels et les déplacements, Lilian Compan, auteur d'un respectable total de onze réalisations (seize, toutes compétitions confondues), aura été l'un des artisans majeurs de la remontée des Verts en Ligue 1, voici vingt ans. Outre ses réalisations bien souvent décisives, Lilian, sur lequel les dirigeants et le staff avaient misé, allait gaillardement au combat, ne rechignait pas à la tâche, ne se "sauvant" pas face à des stoppeurs du calibre de Cris. Faisait le job, ingrat mais incontournable, dans le pressing, il n'avait de cesse de harceler les défenseurs dont il gênait et retardait la première relance. Évoluant à Sainté aux côtés de cadors à l'instar du génial Pascal Feindouno, "délivrant des galettes" avec une insolente aisance ou en Équipe de France avec laquelle il brilla lors de la Coupe du monde Juniors en Malaisie en 1997, avec, excusez du peu, Thierry Henry ou David Trézéguet, le joueur, formé à l'AS Cannes, chère au regretté Didier Roustan, a claqué, tout au long de sa carrière des buts grâce à la qualité de ses déplacements, son flair, sa puissance et l'excellence de son jeu de tête.

Lilian Compan, altruiste jusqu'au bout des crampons

Apprécié de Guy Lacombe à Cannes de Fred Antonetti qui lui a appris, avoue-t-il, "à me sublimer, à aller au plus profond de moi-même" et enfin de Rolland Courbis, "un maître ès management", l'attaquant stéphanois le plus prolifique de cette saison 2003-2004 a toujours répondu présent. En termes d'efficacité et d'état d'esprit. Irréprochable en l'occurrence. "Bien qu'ayant planté une quinzaine de buts avec l'ASSE lors de ma première saison chez les Verts, j'ai compris l'exigence de nos supporters, leurs attentes. C'était compliqué mais je me suis dit : "tu dois mieux faire". Je me suis construit dans la difficulté, j'ai appris à gérer la pression". Ponctuel au rendez-vous également en termes d'âpreté au combat qui lui valut sans doute d'être victime d'une fracture du tibia alors qu'il venait de réduire l'écart à Gerland lors d'un derby remporté par l'OL (3-2). "Mon aventure stéphanoise s'est achevée sur un goût d'inachevé", se remémore-t-il, lui qui fut tout proche de signer aux Queens Park Rangers, à la Juventus de Turin ou à la Sampdoria de Gênes. 

Vous pourrez découvrir une paire de chaussures de Lilian Compan en franchissant les portes du Musée des Verts. Celles qu'il portait lors de cette saison 2003-2004 au cours de laquelle il aura marqué des buts - beaucoup - et les esprits, durablement. "À l'instant T, je n'ai pas pris pleinement conscience de l'importance que ce titre de Champions de D2 revêtait dans la mesure où on est happé par l'émotion. On vit l'instant présent, tout simplement. Or faire partie de l'équipe qui a écrit une ligne supplémentaire au palmarès exceptionnel de ce club, ce n'est pas anodin. Avec le recul, c'est une immense fierté. Nous avions été nuls lors de ma première saison à Sainté et un an plus tard après cette montée, nous disputions des rencontres d'Intertoto", confie Lilian Compan, fêté comme il se doit en grandes pompes, le soir du titre face à la Berrichonne de Châteauroux (2-1). Se garder de jugements péremptoires, définitifs et de décisions trop hâtives se révèle bien souvent, à terme, pertinent.