Rodez ou le tube de la saison
Une bonne dose de Réalisme, une pincée d'Audace, un zeste de Folie, vous mélangez le tout et vous obtenez le cocktail de l'année, le tube incontesté de la saison, la sensation de l'exercice 2023-2024 : le RAF, un mélange détonant, subtilement sucré pour qui supporte le club aveyronnais, trop souvent furieusement amer pour qui souhaitait sa perte.
Les Ruthénois ont d'emblée attaqué pied au plancher. Et n'ont cessé depuis d'accélérer et d'accélérer encore, s'ingéniant à déjouer les pronostics, à renverser la table, à produire un jeu chatoyant, assumant la prise de risque et, parfois, un certain déséquilibre, épinglant Auxerre, Angers, le PFC et les Verts à leur palmarès. Dès lors, il n'est plus question de coups d'éclat sans lendemain, de hasard ou de réussite insolente mais bel et bien d'un collectif cohérent, talentueux, altruiste, armé physiquement, tactiquement et mentalement, percevant tout naturellement les dividendes de son travail.
C'est ce groupe épatant, revenu de nulle part à l'occasion d'une séance de tirs au but mémorable face au PFC (après trois échecs initiaux, le RAF l'a emporté, 3-2, ndlr) et auquel la pression semble étrangère qui viendra défier les Verts, vendredi 24 mai pour un excitant play-off de Ligue 2 dont le vainqueur sera opposé au FC Metz et poursuivra son rêve de Ligue 1.
Rodez en chiffres
Le cinq majeur. Il est constitué, en termes de temps de jeu, du patron de l'arrière-garde ruthénoise, Serge Raux-Yao (37 matches, 37 titularisations pour 3 298 minutes passées sur le rectangle vert), Bradley Danger, le métronome du RAF et chargé des sanctions suprêmes (37 matches et 3 169 minutes), Kévin Corredor, l'attaquant qui aval les espaces et claque des buts (37 matches et 3 164 minutes), Giovanni Haag, le geste juste (35 matches et 2 712 minutes) et enfin l'infatigable et exemplaire Lorenzo Rajot (37 matches et 2 593 minutes).
Un duo au top. En l'occurrence, la doublette offensive ruthénoise composée d'Andreas Hountondji (14 buts), prêté par Caen et de Kévin Corredor, formé à Toulouse, auteur de douze réalisations. Ce dernier a encore frappé mardi soir face au PFC de Timothée Kolodziejczak. Le RAF a fait trembler les filets à 62 reprises (1,63 but par match); seul le champion de France, Auxerre (72) a fait mieux. 87% de ces 62 buts ont été inscrits à l'intérieur de la surface, huit d'entre eux de la tête, la plupart consécutivement à des coups de pied arrêtés, l'un des points forts du RAF.
La jeunesse au pouvoir. Avec une moyenne d'âge très basse de 24,7 ans, Didier Santini, le coach aveyronnais s'appuie sur un groupe extrêmement jeune, manquant peut-être parfois d'un brin d'expérience mais sans doute pas d'insouciance, de dynamisme et de faculté à répéter les efforts.
La prime à l'export du RAF. Très efficaces sur la pelouse du stade Maurice-Lignon où ils ont engrangé la bagatelle de 36 points, les Ruthénois ont également performé loin de leurs bases. Ils ont ainsi pris 24 points à l'extérieur, s'imposant à six reprises et ne concédant que sept revers.
Fair-play, le RAF. Les Ruthénois n'ont vu rouge qu'à une seule reprise alors que leurs adversaires ont évolué par cinq fois (six si l'ont prend en compte le premier play-off de mardi face au PFC, ndlr) en infériorité numérique. Les Aveyronnais ont écopé de 60 jaunes, leurs rivaux de 71 avertissements.
Par ailleurs, les Ruthénois, qui en ont obtenu cinq, n'ont été sanctionnés que d'un seul penalty.
L'homme en forme. Appelé systématiquement dans le groupe par Didier Santini mais n'ayant en revanche débuté que vingt matches, le Franco-Algérien Wannis Taïbi, passé par Angers contre lequel il marquera d'ailleurs son premier but en pros, le 16 septembre dernier (4-1), s'est imposé comme un élément incontournable dans le dispositif ruthénois.