Sur les traces de... Saïdou Sow
"Saïdou, le souvenir que j'en garde ? Celui d'un enfant à l'éducation impeccable et à la détermination absolue. Très bien élevé et résolu à atteindre son but." Ces mots élogieux, nous les avons empruntés à Abdel Zaimen, éducateur à Gagny, 24 années au bord des terrains au compteur. Un bail, a fortiori en Ile-de-France, exceptionnel réservoir de talents. "J'ai vu des extra-terrestres qui, au final, ont échoué. Ils étaient persuadés que leur talent suffirait, étaient sans doute mal conseillés. Travailleur infatigable, Saïdou, pour sa part, a bénéficié du soutien sans faille de sa maman. Une femme remarquable. Au top. Je l'appelais Madame Taubira tant elle maîtrisait bien la langue française ! Le football n'était pas la priorité pour son fils. Ce qui importait à ses yeux, c'étaient les études."
Abdel Zaimen : "Je l'avais surnommé "Le douanier de Conakry"
Saidou aura excellé dans les deux domaines. Après avoir décroché son Bac ES avec deux ans d'avance, il paraphera un contrat professionnel avec l'ASSE et sera appelé en sélection nationale guinéenne. "Longiligne, il avait pratiqué le basket avant de rejoindre Gagny en U10. Il jouait attaquant mais, en dépit d'une certaine réticence, je l'ai convaincu d'évoluer défenseur axial. Il avait toutes les qualités requises pour ce poste. Solide, doté d'un bon jeu de tête, anticipant bien les coups, je l'avais surnommé "Le douanier de Conakry". Je l'ai également parfois positionné au milieu de terrain. Il devait bonifier ses déplacements, savoir conserver le ballon, progresser en une ou deux touches. Mû par une volonté indéniable de réussir, il était à l'écoute. Souvent, auprès des jeunes que j'entraîne aujourd'hui, je le cite en exemple. Je me souviens avoir évoqué son parcours sur une radio algérienne. Il a su forcer son destin car il avait, entre autres, le premier des talents : la détermination. Je n'ai apporté que ma modeste contribution, ce petit pourcentage propre aux éducateurs."
"Si tu lui donnes ta confiance, il te le rendra au centuple"
Aux yeux de ces derniers - Abdel Zaimen et Souleymane Faty nous l'ont confirmé - Saïdou s'est forgé dans la difficulté, a appris tôt le sens du mot travail, des valeurs telles que la droiture et l'humilité. "Et sa sensibilité. Saïdou, si tu l'aimes, il est prêt à te donner son coeur, à mourir pour toi sur le terrain. Tu lui donnes ta confiance et il te la rendra au centuple. Jamais, il ne te trahira. Il est fidèle, loyal, ne crache jamais dans la soupe", confie son coach à Gagny qui n'ignore rien des pratiques du monde du ballon rond et a mis en garde son poulain : "La victoire a mille pères, la défaite est orpheline !". Et d'ajouter : "Saïdou a un gros plus : la préparation invisible. Et croyez-moi, c'est diablement important."
Souleymane Faty : "Intelligent sur et en dehors du terrain"
Souleymane Faty est totalement en phase avec ce discours. Et se remémore son arrivée à Neuilly-sur-Marne en U11. "Nous avions livré un match amical avec Gagny, notre club voisin et rival. Saïdou m'avait tapé dans l'œil. J'ai trouvé un terrain d'entente avec Zaimen et Saïdou nous a rejoints. Chez nous, j'étais persuadé qu'il pourrait pleinement exploiter son potentiel que nous avions aussitôt décelé. Il était déjà mature footballistiquement parlant. Il voyait vite, était intelligent sur et en dehors du terrain et puis, quel leadership. J'aurais souhaité d'ailleurs lui confier le brassard de capitaine dès la première année. J'ai attendu une saison. Il était le pilier d'un groupe extrêmement compétitif ayant remporté, en U13, la Coupe 93, un trophée prisé et difficile à glaner au regard de la concurrence représentée par Bondy, le Red Star ou Montfermeil. Dans ce groupe, cinq joueurs ont signé pros ou ont intégré un centre de formation. Je pense notamment à Laciné Keita, passé par Strasbourg, à Jonathan Mutombo, repéré par le PSG et aujourd'hui au Portugal au Vitoria Guimaraes ou à Amour Moembo à Troyes. Eh bien, Saïdou était le patron incontesté. Il m'a marqué par sa lucidité, sa faculté à ne pas s'enflammer, à tempérer l'enthousiasme ambiant après un succès. Il était d'ailleurs le premier à se remettre en cause. Il a en lui cette force de caractère, cette quête personnelle d'aller de l'avant, de progresser. Ce qui n'est pas surprenant lorsque l'on connaît sa famille. Il a grandi dans un environnement sain."
Souleymane Faty, qui est resté en contact avec l'une de ses plus brillantes jeunes pousses, ne cache pas sa fierté légitime à avoir accompagné Saïdou. "Il était déjà ciblé par plusieurs clubs quand il a été enrôlé par l'ASSE. Saint-Étienne jouissait d'une excellente réputation en termes de formation, notamment en ce qui concerne les défenseurs axiaux. Zouma, Fofana et Saliba en constituent les meilleurs exemples. Il était donc hors de question d'hésiter et c'est ainsi qu'il s'est engagé avec les Verts. À Neuilly et Gagny, nous suivons ses performances et sommes supporters de l'ASSE. J'étais d'ailleurs présent dans le Chaudron lorsqu'il a inscrit son premier but en L1 d'une superbe tête face à Lille. J'étais très ému. Quel beau cadeau, il nous a fait ce soir-là !" Quand on vous disait que Sow était so good !