Wesley Fofana, le minot devenu grand
Le jeune défenseur, lancé par Claude Puel, est l'une des révélations de la saison. Retour sur ses débuts à Marseille avec ses premiers éducateurs.
Repos Vitrolles, Bassin Minier de Gardanne, le club qui a révélé les frères Revelli, Pennes-Mirabeau, Air Bel : Wesley Fofana, 19 ans depuis le 17 décembre dernier, a tout connu de ce qui constitue l’intarissable et remarquable vivier de Marseille. L’AS Saint-Etienne a donc eu le nez creux à l’heure de convaincre Wesley de venir poursuivre sa formation dans le Forez.
Kaïsse Hannachi, qui le connaît sur le bout des crampons, ne tarit pas d’éloges. "Il a toujours su ce qu’il voulait et s’est donné les moyens de parvenir à ses fins. Réceptif aux remarques, il était toujours en demande de conseils. Il enregistrait, s’en nourrissait et se bonifiait. Une véritable éponge ! Wesley, c’est un garçon humble, qui a reçu une bonne éducation et a le respect des anciens. Sous des dehors boute-en-train, il a toujours été à l’écoute."
Aujourd’hui à Gignac, Kaïsse Hannachi a vu débuter Wesley à Vitrolles. "Il jouait attaquant. Il s’imaginait en Drogba. Dans l’entrejeu, il avait pour modèle Zokora qui a brillé d’ailleurs à Sainté. Je lui ait dit : "Tu joueras défenseur; inspire-toi de Kurt Zouma." À Air Bel, de U12 à U15, il impressionnait par sa grinta, sa détermination, son mental d’acier. Il lui arrivait même de tacler sur le goudron ! S’il devait se faire mal pour gagner, il n’hésitait pas. Il devait cependant dépasser ce côté animal, progresser tactiquement et techniquement s’il souhaitait faire carrière. Il importait de canaliser cet engagement qui, certes était un atout, mais ne pouvait suffire pour aller plus haut. Dans les duels, c’était un joueur hors pair. Désormais, il sait également lire les trajectoires, anticiper, se placer. Julien Sablé, qui l’a utilisé en U16 en milieu de terrain, a joué un rôle important, lui faisant prendre conscience que l’on ne pouvait se contenter d’anéantir des actions diverses."
Car Wesley est un soldat, un formidable guerrier doté d’un gros jeu de tête. C’était notre Basile Boli à nous ! (Anthony Loupy, son entraîneur en U15 à Marseille)
À gauche, Wesley Fofana accompagné de Pierre-Emerick Aubameyang en 2013. À droite, en 2019, le jeune défenseur des Verts pose avec la Coupe Gambardella qu'il vient de remporter avec le groupe U19.
Aux Pennes-Mirabeau, drivé par Sébastien Gojkovic et Michel Cachia, Wesley avait déjà franchi un palier. En U15 DH à Air Bel, il a confirmé et suscité l’intérêt de plusieurs clubs pros.
"Il a opté pour l’ASSE et il s’agissait là d’un bon choix", confie Anthony Loupy, son coach avec Thomas Lucchetti, à la tête d’une génération 2000 exceptionnelle. "C’est un club fait pour lui tant il véhicule de vraies valeurs et suscite de la passion, poursuit Anthony Loupy. Wesley aime cet engouement et ne recule pas face à l’adversité. Au contraire, elle l’excite, le sublime, le transcende. Car Wesley est un soldat, un formidable guerrier doté d’un gros jeu de tête. C’était notre Basile Boli à nous ! Il nous a marqué des buts importants sur des coups de pied arrêtés. Il ne rechignait pas, en voulait toujours plus. Quand, en délicatesse avec son genou, il était au repos forcé, il boudait, était frustré. Avoir un gamin de cette trempe, aussi attachant, c’est vraiment top. Douze joueurs, qui composaient le groupe et ont signé le doublé Coupe-Championnat, ont intégré un centre de formation." Un combattant et, ce qui ne gâte rien, un porte-bonheur. "De poussins jusqu’en U17, il a gagné toutes les coupes. De celles de Provence à la Gambardella. Et s’il remportait la Coupe de France avec les Verts...", se prend à rêver Anthony Loupy.
"J’étais au Stade de France pour la finale de la Gambardella", note Kaïsse Hannachi. "Je ne pouvais pas rater ça ! Je lui avais fait la promesse d’assister aux matches qui comptent. Je suis monté de Marseille pour tous les derbies. J’étais également présent pour ses grands débuts en Ligue 1 face à Nice." Le premier match chez les pros d’une carrière que l’on pressent déjà longue et brillante sous la férule de Claude Puel, toujours soucieux de donner leur chance aux jeunes talents.